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Bonjour, à tous, mes p’tits philosophes ! J’ai une nouvelle question dans la poche : peut-on rire de tout ?
Bruit suspect dans le ciel
Bruit de chute de pierre
Une pierre tombe sur Oscar…
Rires de plusieurs oiseaux qui passent au-dessus.
Pauvre Oscar ! Pas de chance ! Alors, à ton avis, est-ce que l’on peut rire de tout ?! Certains ont déjà réfléchi à la question ! Clique sur les élèves de la classe de CM2 de l’école Cabrini à Noisy-le-Grand, dans la Seine-Saint-Denis, pour les écouter !
On ne peut pas rire de tout car, dans la vie, il nΓÇÖy a pas que des choses gaies, il y a aussi des choses tristes, et les choses tristes, ce nΓÇÖest pas rigolo, alors on ne peut pas rire de tout.
Moi, je dis qu’on peut rire des choses tristes, il faut être bête, ça dépend ce que c’est mais, en général, on est bête quand on rit des choses tristes, parce que c’est bizarre.
Pourtant, cela arrive souvent ! Prends mon histoire, celle du Vilain Petit Canard, dΓÇÖAndersen.
Tout le monde se moque de moi parce que je suis laid !
Les enfants me poursuivent bêtement dans la cour en criant et en riant.
J’ai même envie de mourir, tellement je suis triste.
On peut rire des choses tristes sans faire exprès.
Il y a des personnes qui ne sont pas forcément très gentilles, par exemple des gens malheureux, et, c’est triste, ils se moquent des choses tristes.
Imaginons qu’on est dans un cinéma et qu’on trouve l’histoire bête, à un moment, il y a une scène tragique ou triste, on va rigoler parce que les joueurs jouent mal par exemple, alors on va rigoler de ça parce que c’est bête et que c’est mal fait.
Il faudrait être bête pour rire des choses tristes ou être handicapé. C’est pas drôle si, par exemple, quelqu’un meurt, ce n’est pas rigolo. Quelquefois, on dit, parce qu’on déteste une personne, quand elle va mourir, on va faire la fête mais, en fait, ce n’est pas vrai, quand il sera mourant, on ne fera pas ça.
Aussi, des fois, pour donner un exemple qu’on rit pour les personnes qui sont mortes, dans les BD, c’est des histoires de personnes, elles meurent, et après, tout le monde se met à rigoler pour faire rire les autres. Ils prennent pas le côté triste, et comme ce sont des BD humoristiques, ils prennent tout à la rigolade.
Ah ! ben voilà, pourquoi je rigole tout le temps ! Moi aussi, je suis un personnage de BD !
En fait, on n’a pas envie de rire, mais comme tout le monde rit, il se force à rire aussi car il n’a pas envie de rester seul à ne pas rire. S’il est tout seul à ne pas rigoler, ça fait un peu bizarre.
Tu sais, Capucine, j’ai déjà remarqué ce que tu viens de décrire. Ah, oui ! je me présente : Andy Warhol, peintre américain de renom !
«C’est vrai que lorsque vous êtes seul et que vous lisez quelque chose de drôle,
cela ne vous fait pas rire,
mais dès que vous êtes avec quelqu’un vous, vous riez.»
Non, parce que, des fois, il ne se passe rien, ce n’est pas intéressant. Il faut qu’il se passe quelque chose de drôle pour qu’on puisse rigoler.
SΓÇÖil faut quΓÇÖil se passe quelque chose, moi, des fois, je rigole parce que jΓÇÖai envie de rire.
Moi, je suis d’accord avec William parce qu’on peut rire en pensant à quelque chose qui s’est passé avant.
Moi, je ne suis pas vraiment d’accord avec William, parce que quand on pense à quelque chose, il y a quelque chose qui se passe, alors on rigole. C’est obligé que quelque chose se passe. Quand on pense à quelque chose, on rigole parce qu’on pense à ce qu’on vient de penser dans sa tête, après on rigole. C’est toujours obligé, on ne rigole pas pour rien.
Eh ben, dis donc ! SΓÇÖil fallait toujours une bonne raison de rigoler, on ne rigolerait pas souvent !
On ne peut pas rire tout le temps parce qu’il y a des choses qui n’en valent pas la peine. Quand on disait tout à l’heure, que des choses tristes, on ne peut pas en rire parce que c’est pas drôle quand c’est triste.
Par exemple, si on fait un pas, on ne va pas rigoler parce quΓÇÖon a fait un pas, mais si on raconte une blague, on pourra rigoler.
Pour moi, ça ne dépend pas, si on dérape par exemple, on peut rigoler parce que c’est marrant.
C’est ça, Tatiana ! On rit parce que c’est un acte involontaire. Je me présente : Henri Bergson, philosophe connu !
«Prenons l’exemple d’un homme qui court dans la rue, trébuche et tombe :
les passants rient de ce quΓÇÖil sΓÇÖest assis involontairement.┬╗
À la place d’être un pas normal, ça peut être un pas tordu. Quand on marche sur un escalier, on croit que c’est tout droit et qu’il n’y a pas de marche, on met son pied et c’est comme si on tombait.
Je pense que si on fait un pas, il faut qu’on pense à quelque chose de drôle pour pouvoir rigoler. Si on fait un pas normal et qu’on ne pense à rien, on ne va pas rigoler. Mais si on fait un pas et qu’on pense à quelque chose de drôle, on va peut-être rigoler, mais ce n’est pas obligé.
Pour donner un exemple, dans le sport, des fois, on est pour une équipe et puis elle perd notre équipe, ça ne vaut pas la peine de rigoler dans ce cas-là.
On pourrait rigoler si on se force, mais si on ne se force pas et qu’il n’y a rien de marrant, ça ne sert à rien de rigoler parce qu’il n’y a pas quelque chose pour rire.
Dans un match, si Charles est pour une équipe, moi je peux rigoler s’ils ont perdu. Je rigole parce que ce n’est qu’un jeu. Il ne faut pas pleurer parce que l’équipe a perdu.
On peut rigoler de notre équipe qui a perdu parce que, comme dit Benjamin, ce n’est qu’un jeu, mais si on est en finale, on ne va peut-être pas rigoler, si c’est vraiment un jeu. Imaginons, on est l’équipe de France de foot, on va être déçus, on ne va peut-être pas pleurer non plus. Par contre, si je suis l’équipe adverse, on va peut-être se moquer des autres.
Je pense qu’on ne peut pas rire tout le temps parce que si on a une discussion sérieuse, on ne va pas rigoler parce que ça ne fait pas sérieux. Mais on ne peut pas rigoler d’une chose qui n’est pas drôle, ce n’est pas logique.
On peut rigoler dans une discussion sérieuse parce que, des fois, ça nous fait rire que les autres soient trop sérieux alors que nous, on ne l’est pas trop.
On peut rigoler dans les discussions sérieuses, parce que, des fois, les têtes des personnes sérieuses, ça peut nous faire rigoler, ça fait beaucoup trop sérieux et ça fait bizarre.
Ouais, Gabrielle-Marie a raison ! Les discussions sérieuses, c’est le plus rigolo de tout ! C’est trop bizarre !
Par exemple, si c’est dans une imprimerie, on va appeler celui qui se sert de la machine à imprimer, il va forcément être moins bien habillé que le patron, du coup, ça peut lui donner le fou rire car il n’est jamais habillé comme ça pour son travail. Le patron va trouver ça drôle s’il est humoristique.
On ne peut pas rire de tout parce que quand on passe l’épreuve du bac, on ne va rigoler parce qu’on passe le bac, sinon ce serait bête de rigoler, on fait quelque chose de sérieux pour passer son examen et pour aller à la Faculté. Après, on se déconcentre, et après, on ne va pas pouvoir se concentrer sur les questions, les exercices, et on va le louper.
En d’autres termes, Jordan, tu dis qu’il ne faut pas tout confondre, qu’il ne faut pas mélanger les genres. Cela me fait penser à un passage de la Bible :
«Il y a un temps pour pleurer…
… et un temps pour rire.»
On peut rire parce que, des fois, quand on se fait mal, on rigole et on trouve ça drôle, mais ça fait comme un rire jaune. On rigole pour de faux.
Tu sais, Joris, le rire et le mal se mélangent souvent. Parole de Blanche-Neige !
Regarde ce que fait la reine, une fois qu’elle m’a donné la pomme empoisonnée et qu’elle croit m’avoir tuée.
L’histoire dit : «Elle la contempla avec des regards affreux et rit à gorge déployée.»
Crois-tu que ce soit un vrai rire de bonheur ?
On rit quand on rit jaune parce que sinon on n’appellerait pas ça un rire. C’est un rire, mais pas un vrai rire, c’est un faux rire. On rit jaune pour faire comme tout le monde.
On se force à rire pour se rendre intéressant auprès de nos camarades, pour faire comme les autres et pour pouvoir être plus intéressant, pour qu’on nous remarque plus.
Salut, Angélique, je suis Rousseau, un célèbre philosophe genevois, je pense exactement comme toi :
J’ai aussi constaté que l’on riait souvent pour se faire remarquer !
Écoute donc, ce que j’écrivais à ce sujet : «On ne rit pas pour rire mais pour être applaudi.»
Si on fait une blague et qu’il y a quelqu’un qui est plus fort que nous, qui nous domine, et qui fait une blague, si on ne rit pas, il va nous dire : «Tu ris, sinon je te frappe.» Alors, on est obligé de rire, parce qu’il me l’a dit, et comme il est plus fort que moi, je ris sinon il me frappera.
Il est en train de rire parce qu’on lui a demandé de rire sinon on le frapperait. C’est une menace qu’il lui fait et, à ce moment-là, il ressent de la peur. En fait, on a peur parce qu’on nous menace et, nous, on ne veut pas se faire frapper parce que ce n’est pas très agréable.
Moi, je vais rigoler quand j’ai peur de quelque chose de bête, je vais rigoler avec quelqu’un d’une action qui est bête, d’une peur bête. Par exemple, comme je n’aime pas les petits insectes, je vais rigoler de ma peur. En fait, je n’ai pas vraiment peur, mais je vais rigoler car c’est bizarre de rigoler devant un insecte qui ne va rien vous faire.
On peut rigoler parce qu’on a peur, pour tromper sa peur. On peut se dire qu’on n’a pas peur et que ça ne sert à rien d’avoir peur.
Là, Gabrielle-Marie, tu dis n’importe quoi ! Moi, quand j’ai peur, je ne rigole pas, je cours !
On peut rire de tout, mais dans les choses qui ne sont pas drôles, on se force à rire, mais s’il y a des choses qui sont drôles, alors là, c’est naturel de rire. Si on veut rire tout le temps, on va se forcer.
Moi, je trouve que rire de tout, cΓÇÖest un peu idiot !
On peut rire de tout, mais il faut être bête. On peut rire de tout ce qu’on voit, de tout ce qu’on entend, des actions, des objets, par exemple quand on voit un mur, ce n’est pas drôle, il faut être bête pour rigoler, mais on peut.
Moi, je pense qu’il rigolerait d’un mur parce qu’il repense à quelque chose qui l’a fait rire, il y a longtemps, hier ou n’importe quand. Il repense à un mur qu’il a vu, sur lequel il y avait quelque chose et où il rigolait, et ça se trouve que c’est le même mur mais qu’il n’y a plus les écritures, alors il rigole parce qu’il repense au passé.
Rire d’un mur, pour quelqu’un de bête, c’est faire l’intéressant pour que quelqu’un d’intelligent vienne le voir et lui dise : «Pourquoi tu rigoles?».
Ça n’a rien à voir, ce n’est pas parce qu’on est bête ou intelligent qu’on va rire d’un mur, il y en a qui trouveraient ça drôle parce qu’ils rient plus facilement que d’autres, soit parce qu’ils sont plus habitués à rire, soit ils rient parce qu’ils rient.
Il y a des gens qui ne rient pas parce qu’ils n’ont pas vraiment d’humour, ils sont rejetés par les gens, ils n’ont pas d’amis, alors c’est difficile de rigoler, parce que si on n’a pas d’amis, personne ne pourra nous raconter des blagues et, nous, on va se sentir triste et on va avoir le cœur brisé.
Oh ! là, là ! ,je ne suis pas du tout d’accord avec toi, Jordan ! Parole de Nietzsche, philosophe de renom !
C’est tout à fait le contraire, c’est parce que l’on ressent de la douleur que l’on rit !
Écoute, ce que j’écrivais : «L’homme souffre si profondément
quΓÇÖil a d├╗ inventer le rire.┬╗
Par exemple, on peut rire de quelque chose qui nΓÇÖest pas dr├┤le, parce quΓÇÖon peut avoir une maladie mentale, alors il rit et ne sait pas pourquoi.
SΓÇÖil y a quelquΓÇÖun qui est mature, il peut ne pas rigoler, sΓÇÖil veut ou ne veut pas, sΓÇÖil y a quelquΓÇÖun qui nΓÇÖest pas mature, il va rigoler.
Il n’y a pas besoin de ne pas être mature pour rigoler, si c’est une blague, il faut juste la comprendre, et puis après, ça dépend de nous. Si on la trouve rigolote, on rigole, si on ne la trouve pas comique, on ne rigole pas.
Par exemple, quelqu’un a dit 2 + 2 = 4, ça serait drôle parce qu’il change complètement, je n’arrive pas à l’expliquer, on change complètement de sujet, ça serait marrant parce qu’il dit 2 + 2 = 4 alors qu’on est en train de dire quelque chose qui n’a rien à voir.
Ouah ! 2 + 2 = 4 ! Non mais, des fois, t’as trouvé ça où ? Alex, t’es vraiment tordant ! C’est la meilleure de l’année !
La façon dont on dit quelque chose, par exemple, quelqu’un qui dit quelque chose d’une manière un peu bizarre, ça peut être drôle mais quelqu’un qui parle d’une manière normale comme on entend tous les jours, ça ne va rien nous faire. Quelqu’un qui a un accent, c’est pas drôle, mais ça dépend de quel accent, parce que nous on n’est pas habitué à l’accent.
On pourrait rire d’un accent étranger car on est libre de faire ça, on a le droit de faire ce qu’on veut. Ça dépend de comment on rit, si on rit comme ça, pas méchamment ou si on rit pour se moquer. Si on rit pour se moquer, alors ce n’est pas très gentil. Par contre, si on rigole comme ça, pas méchamment, on peut, mais ça dépend de celui qui a l’accent, s’il le prend mal ou pas.
L’accent, c’est un peu comme ce qu’il porte. C’est étranger et, des fois, on en rit parce qu’on n’a pas l’habitude. Eux trouvent ça normal. Ils s’habillent bizarrement pour nous, mais pour eux, ils s’habillent tous comme ça chez eux, et pour nous, ça peut être rigolo leur façon de s’habiller.
On a le droit de rigoler d’un accent étranger, on a le droit de rigoler de tout ce qu’on veut parce que si on se moque d’eux, eux, ils ont le droit de se moquer de nous.
Exactement ! Alors si tu ne veux pas que l’on se moque de toi, ne te moque pas des autres ! Ah ! salut, Tom, je suis Molière. Ma profession ? Auteur dramatique et comédien !
Tu sais ce que je pense : «Qui rit d’autrui,
doit craindre quΓÇÖen revanche on rie aussi de lui.┬╗
C’est naturel de se moquer, ça nous fait rire. C’est comme de rire. Seulement, c’est plus un ricanement qu’un rire.
On peut rire de tout, mais il faut en assumer les conséquences. Par exemple, tu rigoles de quelqu’un qui est handicapé, il peut très bien venir et te taper.
Si quelqu’un tombe par terre, on va rire sur le moment, il tombe, c’est marrant, mais après on ne va plus rigoler parce qu’il a mal et il est en train de pleurer sans doute.
Et quand il pleure, c’est là que c’est le plus drôle ! Tu ne trouves pas ?
Si on rit d’un film qu’on voit au cinéma, c’est normal parce qu’il est rigolo, mais si ça se passe en réalité, s’il se casse une jambe au cinéma, et que ça se passe en réalité, on ne va pas vraiment rire, parce que ça fait mal.
Et c’est pour cela que l’on s’amuse de moi, quand je donne des coups de bâton et assomme d’autres personnages comme le commissaire de police. On voit bien que c’est un spectacle, que ce n’est pas la réalité, sinon on ne rirait pas.
